DÉRACIALISATION DU CONTRAT SOCIAL

Cosmologies Afrodiasporiques e résistance noire au Brésil

Résumé

Cet article propose une critique du contrat social brésilien à partir des cosmologies afrodiasporiques, en articulant la théorie politique contractualiste avec les épistémologies afro-intellectuelles. S’appuyant sur la critique formulée par Charles Mills du « contrat racial » — pacte qui structure l’État moderne comme un dispositif de domination blanche —, le texte soutient que la simple inclusion symbolique des groupes minorisés est insuffisante face à la logique d’exclusion qui organise l’État brésilien. En guise d’alternative, il présente le concept de “déracialisation du contrat social”, compris comme la transformation de la structure étatique à partir du renforcement des héritages cosmologiques et épistémiques des peuples issus des diasporas africaines. Il s’agit d’un processus qui va au-delà de la simple insertion de personnes noires dans les sphères de pouvoir, en exigeant la valorisation et l’incorporation de formes d’organisation afro-brésiliennes qui fonctionnent en dehors des modèles occidentaux, telles que les terreiros de candomblé, les rodas de capoeira et de samba. La contribution théorique de l’article réside dans l’expansion du travail de Mills, en proposant non seulement une critique de l’État racial, mais aussi des voies concrètes pour le dépasser. Dans ce contexte, les cercles sacrés de l’univers noir brésilien — un concept proposé par Xavier (2022) — sont mis en avant comme des technologies sociales de résistance, d’appartenance et de réorganisation communautaire. L’article propose ainsi un agenda théorique et méthodologique pour repenser l’État brésilien à partir de principes démocratiques, pluriels et antiracistes, enracinés dans l’expérience historique et politique de la population noire.